Michel Odent
traduction au dépoté de : https://www.youtube.com/watch?v=K2jAWvZF9DQ
The Place of Birth from Bacteriological and Immunological Perspectives

(Traduction de acorgone janvier 2017
Il manque deux ou trois mots, je m’en excuse.
Si il y a des gens qui veulent participer, qu’ils écrivent à acorgone !
Merci par avance…)

L'importance de la naissance à partir du point de vue bactériologique et immunitaire

J'ai commencé à être particulièrement intéressé par les facteurs environnementaux, dans les effets de l'environnement dans lequel la femme donne naissance, dans les années 1970. Voici le contexte général présent dans les hôpitaux français, des unités de maternité de ces hôpitaux, là où nous commencions à présenter de petites chambres [d'accouchement] intimes ressemblant à celles d'une maison ordinaire.

À ce moment-là, nous soulevions de nouvelles questions, telles que la dimension de la chambre, sa couleur dominante, la qualité de la lumière acceptable, le choix des petits meubles présents ; chambre dans laquelle la femme ne se sentait pas obligée d'adopter une posture ou une autre, car on ne lui suggérait pas une position particulière. C'est ce que nous avions introduit et que nous appelions alors "la chambre de naissance semblable à celle d'un chez-soi en milieu hospitalier".

Aujourd'hui, il y a de nouvelles orientations dans le contexte environnemental où se passe la naissance. Et il apparaît aujourd'hui que nous devons soulever de nouvelles questions à partir de la perspective bactériologique et en conséquence, immunologique.

Mais pour introduire cette topique, nous devons traverser une première étape : celle de nous rappeler la particularité du placenta humain. Pourquoi le placenta humain est-il si spécial ? Il est spécial du fait de sa structure qui se nomme "monochorionique". Cela signifie qu'entre le flux du sang maternel et le flux du sang fœtal, il n'y a seulement qu'une fine membrane et dans cette fine membrane, il y a des cellules actives qui peuvent transférer les anticorps maternels IgG au fœtus ; à un tel point (et c'est ce qui est spécial chez l'être humain) ??? ((07:00))

Le niveau d'anticorps qui se nomme IgG dans le flux sanguin du fœtus, est le reflet à l'identique du flux sanguin maternel. Et ce niveau augmente après 27 semaines. Pour prendre conscience ce que nous considérons comme la préoccupation principale de la période néonatale, dans cette perspective immuno-bactériologique, nous devons nous rendre compte des différences entre les êtres humains et les autres mammifères.

Chez la plupart des mammifères la structure placentaire est différente, et chez la plupart des autres mammifères, le nouveau-né n'a reçu aucun anticorps de la mère. Cela signifie qu'en général, chez la plupart des mammifères, le principal, la première des préoccupations, la priorité de la mère est de donner un accès aisé et rapide au colostrum : c'est la première opportunité pour le fœtus d'absorber les anticorps.

Par exemple, choisissons celui du veau né de la vache. Ce nouveau-né n'a pas reçu d'anticorps avant d'être né, et pour lui, à proprement parlé, ceci est vital. Alors que chez les humains, la première préoccupation est différente. Même si le premier colostrum est bénéfique, il n'est pas réellement vital. La preuve en est qu'au cours de milliers d'années, depuis le commencement de la socialisation de la naissance de l'enfant, dans la plupart des cultures, les effets des croyances et des rituels tournant autour de la périnatalité, ont consisté à retarder l'initiation de la prise du sein, et de priver le nouveau-né du premier colostrum. ((5:25))

Les préoccupation essentielles sont différentes. Chez la plupart des humains, du fait qu'ils nourrissent le nouveau-né ??? et qu'il a déjà reçu des anticorps avant d'être né,
la question principale est relative à la nature de l'environnement microbien. La question est : quel est l'aspect familier des premiers organismes microbiens qui vont approcher le corps du bébé ? Et, c'est ici la divergence concernant l'environnement bactérien, en conséquence, les préoccupation sont différentes.

Ceci est un fait important lorsque nous nous rappelons de ce que nous savons aujourd'hui et nous pouvons dire qu'immédiatement après la naissance, qu'à partir de la première minute, de la première heure qui suit la naissance, le système immunitaire du nouveau-né humain commence à être éduqué, à être programmé par le premier organisme microbien avec lequel son corps va entrer en contact. ((6:40))

Un autre ???, nous réalisons immédiatement que tout récemment, il y a un point pivot dans l'histoire de la naissance humaine. Un point pivot majeur. Il y a un siècle, quasiment toutes les femmes qui donnaient naissance, étaient entourées d'une grande diversité de microbes familiers. Aujourd'hui, c'est l'opposé : la plupart des femmes donnent naissance dans un environnement d'organismes microbiens non familier. Et il y a un manque de diversité concernant ces premiers microbes quand les femmes donnent aujourd'hui naissance. C'est le contraire.

Bien sûr, il y a une échelle dans l'altération de l'environnement microbien : il y a de cas extrêmes. Il y a les cas où le nouveau-né est exposé aux antibiotiques au cours de la période périnatale, c'est commun. Il y a des bébés qui ne sont pas nés en traversant la richesse bactériologique de la voie périnéale. D'autres sont nés dans l'environnement stérile d'une salle d'opération, nés par une incision césarienne, par la voie ???, dans les cas extrêmes. Nous devons donc nous rendre compte qu'à partir de cette perspective, il est récemment apparu un point pivot. Et, bien sûr, lorsque nous nous rappelons que le système humain de l'être humain commence à être éduqué immédiatement après la naissance, nous constatons l'importance de ce fait.

C'est le moyen de suggérer que lorsque nous partons de cette perspective bactériologique et immunologique, aujourd'hui il y a deux sortes de naissance. Nous pouvons classifier les naissances en deux groupes : les naissances ayant lieu dans un environnement familier (en pratique : la naissance à domicile) et la naissance ayant lieu autre part. Voici un nouveau moyen de classifier les naissances à partir de ce point de vue. ((9:06)

Et il est certain que lorsque nous nous prenons en compte ce point pivot, lorsque nous nous rendons compte de ce qui se passe aujourd'hui, immédiatement, nous pensons aussi à la nécessité d'une nouvelle génération d'études évaluant l'effet possible de ce récent point pivot dans l'histoire de la naissance.

Théoriquement parlant, nous pouvons anticiper un accroissement de la prévalence d'une disruption du système [immunitaire] humain. Une disruption du système humain en général, mais plus précisément, nous pensons à des maladies allergiques et topiques, et aussi bien à des maladies auto-immunes lorsque le système humain, l'être humain est placé dans la position d'être sa propre cible ((10:16)) détruisant son propre corps, comme par exemple le cas (un exemple entre mille autres) le cas du diabète de type 1, où le système humain est en train de détruire lui-même son pancréas. ((10:30))

Ainsi, nous avons raison d'anticiper de tels changements dans la prévalence de certaines conditions de la pathologie humaine. Cela souligne la nécessité d'une nouvelle génération de recherches. Aujourd'hui, nous nous ne pouvons seulement qu'anticiper une nouvelles génération de recherche. ((10:54)) Il n'est pas si simple, parce que nous devons dépasser des obstacles pour plusieurs raisons évidentes, quoique je peux déjà au moins mentionner une étude qui peut s'avérer possible et qui peut être considérée comme un préliminaire à un exemple de ce que nous pouvons attendre. Il s'agit d'une étude provenant de la Hollande [Nederland]. La Hollande est spéciale du fait que dans ce pays le taux de naissances à domicile est très élevé. Cette étude a pris place à un moment où le taux de naissance à domicile en Hollande frisait les 25 %. Il a donc été facile d'établir un protocole de recherche, qui aurait été plus difficile ailleurs.

Les chercheurs ont essayer d'évaluer le risque de maladies allergiques et topiques, telle que l'asthme, chez deux groupes d'enfants âgés de 7 ans. Tous ces enfants étaient nés par les voies naturelles, mais un groupe était né à domicile et l'autre en milieu hospitalier. Le principal résultat qui est apparu et que nous pouvons retirer (apprendre) de cette recherche, est que le risque de maladies allergiques a été de manière significative plus bas chez les enfants nés à domicile, comparés à ceux qui sont nés par voie naturelle à l'hôpital. Ainsi, c'est ici un moyen d'expliquer que le moment est venu de persister à ignorer l'importance de la perspective bactériologique et en conséquence immunologique lorsque nous prenons en considération l'environnement de l'accouchement. ((13:10))

Cela signifie que dans les temps à venir, toutes les discussions relatives à l'accouchement à domicile comparé à l'accouchement en quelqu'autre lieu, devront commencer sur de nouvelles bases ; devront débuter à partir de cette perspective bactériologique. Il est impossible, dès aujourd'hui, d'ignorer cette voie.

Cela signifie que, d'une perspective pratique, dans le futur, il devrait y avoir de nouvelles raisons de dé-marginaliser l'accouchement à domicile de sorte à le rendre culturellement acceptable et plus sûr, tandis qu'on marginalise l'accouchement à domicile en lui donnant par plusieurs raisons l'évidence qu'il est plus dangereux. ((14:00)) Mais il n'est pas possible de l'acquérir immédiatement : il y a une étape avant de reconsidérer le lieu de la naissance.

Cette étape doit être une nouvelle compréhension des besoins élémentaires de la parturiente. Aujourd'hui, ((14:50)) se présente l'opportunité d'introduire un nouveau paradigme, une nouvelle manière de penser la physiologie de la naissance. Nous devons reconsidérer de milliers d'années de conditionnement culturel. Depuis des milliers d'années, la base de notre conditionnement culturel a été qu'une femme n'a pas le pouvoir de donner naissance par elle-même : elle a besoin d'aide. Les mots-clés sont des variations autour du mot "aide". Cela induit une interférence culturelle [au cours de l'accouchement]. Mais il est certain, et ceci provient de l'influence de la perspective théorique moderne, que nous prenons conscience que nous avons à reconsidérer entièrement les besoins élémentaires de la parturiente. Nous pouvons d'un point de vue théorique, expliquer que le processus de la naissance est un processus involontaire : il se passe sous la contrôle de la structure archaïque, primitive du cerveau. C'est ce que nous partageons avec l'ensemble des mammifères.((15:55))

De manière générale, nous avons appris, nous avons compris que nous ne pouvons "aider" un processus involontaire, mais il est possible de le PROTÉGER contre de possibles facteurs inhibiteurs. Et lorsqu'est concerné l'être humain, il y a des facteurs inhibiteurs qui sont essentiels. Ceux-ci sont facilement explicables quand nous partons du concept de l'inhibition néocorticale, un concept qui est la clé pour comprendre la nature humaine en générale, et la naissance humaine en particulier.

Aujourd'hui, à partir de la neurophysiologie ((16:52)) de laquelle nous connaissons les inhibito-neuromédiateurs (comme l'acide gamma-hydroxybutyrate), nous comprenons qu'une activité néocorticale, dans quelques situations, peut OBSCURCIR [embrouiller] des fonctions physiologiques humaines. Le néocortex n'apparaît pas toujours comme un outil au service des fonctions vitales. Dans certains cas, il peut obscurcir ces fonctions. Par exemple, il peut obnubiler la sensation de l'odorat. Il peut déranger la capacité de nager : l'être humain perd sa capacité à nager lorsqu'à un certain degré, le développement du néocortex est devenu plantureux. ((17:44))

Et c'est pourquoi, nous pouvons aujourd'hui expliquer la raison principale de la difficulté à donner naissance chez l'humain : cela passe par l'inhibition du néocortex. Jusqu'à récemment, c'était un lieu commun d'affirmer que la naissance chez l'humain est difficile du fait de raisons mécanico-physiologiques. Si ces facteurs étaient essentiels, comment expliquer que parfois des femmes peuvent donner naissance à leur premier bébé, des femmes qui n'ont rien de particulier morphologique parlant, comme tout le monde [en somme], mais peuvent donnent naissance à leur premier enfant sans difficulté en dix minutes, tandis que d'autres qui sont pareilles morphologiquement parlant, ont besoin d'une incision césarienne après 4 à 8 heures d'un travail difficile. ((18:48)) Comment expliquer ces différents cas quand le point de vue morphologique ne peut nous aider ?

Dans ce cas, nous avons besoin d'une autre interprétation, et la principale interprétation est l'effet de l'inhibition néocorticale. Comment l'activité du cerveau nouveau, le cerveau de l'intellect, celle du cerveau logique peut-elle annihiler certaines fonctions ? Quand ce concept est appréhendé, on en vient facilement à expliquer la SOLUTION que la nature a trouvée pour outrepasser cet handicap humain. C'est une solution simple. Et même aujourd'hui, quelque personnes la comprendront.

Cette simple solution est celle-ci : lorsqu'une femme donne naissance, le néocortex, le cerveau logique, la partie du cerveau qui est hautement développé chez le seul [animal] humain, doit cesser de fonctionner, [car] donner naissance est l'affaire de la structure archaïque, ce n'est pas l'affaire du néocortex ((20:11)) qui doit cesser d'être actif.

Et il y a quelque chose qui peut aisément être observé : quand, furtivement, une femme peut donner naissance dans l'isolement rapidement de son propre cours, il se passe un moment où elle se coupe d'elle-même de notre monde, oubliant tout ce qui se passe aux alentours, oubliant les recommandations des livres, oubliant ce qu'elle a appris, oubliant ses prévisions, elle peut être dans une démarche que nous considérerions normalement comme inacceptable pour ce que serait une femme civilisée, elle se met à crier, à injurier, elle peut adopter une attitude étrange, elle peut se mettre dans son mouvement dans une posture inattendue, souvent "primitive", quadrupédique, une posture mammifère, elle est sur une autre planète : de manière évidente, il y a une réduction du contrôle néocorticale. ((21:11)) C'est la SOLUTION que la nature a trouvée pour rendre possible et potentiellement aisée la naissance, dans notre ???.

C'est la manière de comprendre que la femme qui donne naissance a besoin d'être PROTÉGÉE contre toutes stimulations du néocortex. Le mot-clé est PROTECTION. Quand nous pensons à par la physiologie moderne, le mot-clé ne tourne pas autour de variantes du mot "porter de l'aide", [car] nous ne pouvons aider la femme qui donne naissance ; le mot-clé est protection : cette femme a besoin d'être protégée contre le moindre facteur susceptible de stimuler le néocortex. Particulièrement, cela va de soi, du langage ; ((21:57)) une manière de dire qu'à une parturiente, la parole est l'ennemi. Il est important d'éviter à la femme en libération de l'exposer au langage.

Ce qui signifie aussi qu'elle ne doit pas être exposée à la clarté : on sait aujourd'hui, que la mélatonine, l'hormone de l'obscurité est une hormone de naissance essentielle qui marche main dans la main avec l'ocytocine, qui est en synergie avec l'ocytocine à tous niveaux et en particulier au niveau du néocortex.

Quand nous parlons du besoin [par la parturiente] d'être protégée de la lumière, nous devons souligner l'importance de cette particularité aujourd'hui, à l'âge de la lumière artificielle, à ce moment où nous prenons conscience que la clarté la plus artificielle est de nos jours considérable dans le spectre du bleu, et le spectre bleu de la lumière est la partie de la lumière particulièrement efficace pour inhiber la libération de la mélatonine. ((23:13))

Donc [il faut mettre en place] une protection contre la parole, la clarté et contre toute attention accentuant la situation présente. Lorsque l'attention est stimulée, le néocortex est stimulé.

Cela signifie que la femme a besoin d'être protégée de toute situation où elle se sentirait observée. Quand on se sent observé, on s'observe soi-même : c'est une stimulation du néocortex. Cela veut aussi souligner le besoin essentiel de la parturiente de se sentir en sécurité : la perception d'un possible danger est une stimulation du néocortex.

Ainsi, aujourd'hui, quand on prend en considération le besoin de discuter de la place de la naissance en commençant du point de vue bactériologique et immunitaire, nous avons DU MÊME TEMPS fait émerger la question de ce que nous pouvons faire pour faciliter le processus de la naissance, quelque soit l'endroit de la naissance, même l'accouchement à domicile.

Aujourd'hui les accouchements à domicile sont rendus difficiles parce que les besoins fondamentaux de la parturiente ne sont pas convenablement compris. Et dans cette optique, nous devons immiscer le mot-clé PROTECTION. Nous devons introduire un nouveau paradigme, non pas pour tenter de défier l'effet de milliers d'années de la naissance sociale, les effets de la parole, du sentiment de se sentir observée, etc., aujourd'hui en toute assurance, nous devons partir du mot-clé PROTECTION du processus involontaire.

C'est ici la condition préalable à l'ouverture d'une nouvelle discussion relative à la place de la naissance. Ce n'est pas facile, il n'est pas limpide que nous puissions récuser les conditionnement de milliers d'années, ce n'est pas évident que nous puissions accepter le besoin de silence, le besoin de protéger la femme de la lumière, de satisfaire son besoin de ne pas se sentir observée, ceci n'est pas possiblement évident, même si cela parait utopique, mais "utopique" ne signifie pas "impossible" !